Accueil » Slogan, la musique pour la beauté du geste
Il est toujours un peu difficile de décrire la musique – la définir, la qualifier, la catégoriser. Alors quand le duo lyonnais de SLOGAN titre ses événements « Electro, Ciné Club », on est encore un peu plus déconcertés. Sans blague, qu’est-ce que c’est encore que cette invention ? Faut-il vraiment compliquer les choses avec le septième art ? Est-ce une manière de brouiller les pistes ?
Eh bien, pas du tout ! Il suffit d’écouter le premier EP de Clémence et Nicolas pour s’en convaincre. À la lecture, on découvre avec bonheur une musique électronique aux mélodies pop, et des textes dialogués dans un français délicieux. « J’ai passé mon été à te dévorer des yeux », avoue la voix ronde et claire de Clémence dans « Conte d’été », sorte de ré-écriture du film d’Éric Rohmer. En moins de cinq minutes, SLOGAN a ressuscité sans effort la langueur savoureuse des vacances au bord de la mer et d’une amourette estivale – du « goût des churros » à la mélancolie de la séparation. Qui dit mieux ?
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Puissance des textes et écriture conversationnelle
Si la capacité presque cinématographique de SLOGAN à convoquer des images est si puissante, c’est notamment grâce à l’attention que le duo porte au langage. Un parti-pris plutôt rare dans les musiques actuelles, et qui rappelle une époque un peu surannée où des chanteurs comme Léo Ferré chantaient des vers comme ceux de Louis Aragon – qui se trouve sans grande surprise être le poète préféré de Nicolas.
« Quand j’ai lu mon premier texte d’Aragon, je ne savais pas du tout de quand le poème pouvait dater », raconte-t-il. « Ça me semblait très actuel, comme si ça avait été écrit par quelqu’un de mon âge et de ma génération. Ça m’a bouleversé. J’avais eu beaucoup de mal à trouver des auteurs qui me plaisaient depuis la découverte de Rimbaud, qui comme c’est le cas pour beaucoup d’adolescents, m’avait laissé ébahi. »
Clémence, elle, lit des romans. L’été dernier, elle a dévoré les œuvres de Colette… Du cinéma à la littérature, « on aime les histoires », reconnaît cette férue de vides-greniers, qui trouve précisément fascinant d’y retrouver des morceaux de vies d’inconnus.
SLOGAN, c’est la rencontre de deux univers. Celui de la belle chanteuse de jazz formée enfant au violoncelle, fascinée par l’imagerie des années 60, et qui aurait rêvé être l’amie de Dalida. Et celui d’un garçon pas encore trentenaire, qui sait depuis ses douze-treize ans – alors qu’il joue sans relâche de la batterie et de la guitare – qu’il dédiera sa vie à la musique.
Les deux mondes se rencontrent grâce à des méthodes d’écriture bien particulières. « On a une relation épistolaire qui nous permet de façonner nos textes. C’est une technique qu’on s’est inventée. Parfois, on passe quatre ou cinq heures dans la même pièce, et on s’écrit l’un à l’autre », confient les musiciens de SLOGAN. On leur demande timidement : « Comment fait-on pour se lancer dans une écriture aussi intime à deux ? » Ils rient. « On souffre énormément. On se dispute. Et toutes les deux semaines, on se dit qu’on va tout arrêter », s’amusent-ils.
Pour le premier titre de leur EP homonyme, « La Beauté du geste », le duo s’est inspiré d’une tradition héritée des surréalistes et s’est livré au jeu du cadavre exquis. « Je n’ai jamais été aussi bien que ce soir », chante Clémence. « Ce soir, les voilà qui s’aiment », poursuit Nicolas.
Slogan, de Bach au trap
Par-delà les textes, c’est la musique qui fait la force du duo. Avec ses mélodies entêtantes, SLOGAN produit des tracks qui pourraient bien devenir des tubes. Leurs influences ? Jane Birkin et Serge Gainsbourg bien sûr, qui ont inspiré jusqu’au nom du groupe et peut-être même le phrasé de Nicolas.
Jane Birkin et Serge Gainsbourg se sont rencontrés en 1969 sur le tournage du film Slogan, de Pierre Grimblat
Mais leur penchant pour la musique les pousse à écouter bien plus que cela, les portant de Bach à XXXTentacion en passant par Barbara ou encore le trap – cette espèce de rap venue tout droit de Floride.
Quand on leur demande ce qu’ils auraient rêvé avoir composé, Clémence pense immédiatement à « Mon Disque dort » d’Arnaud Fleurent-Didier. Après avoir réfléchi longuement, Nicolas répond tranquillement : le concerto pour violon de Tchaïkovski. Éclectiques, on vous dit.
« Et parmi les chansons que vous avez écrites, reprend-on, quelles sont celles dont vous êtes le plus fiers ?
– Je les aime toutes, répond Nicolas. Je dirais “La Beauté du Geste” pour son côté pop audacieux. “Émerveille” pour sa texture. Et “Conte d’été” d’un point de vue purement technique.
– Pour ma part, c’est “Piscine Tournesol” », répond joyeusement Clémence, avant de préciser qu’elle l’aime encore plus en version live.
Justement, SLOGAN entame actuellement sa première série de concerts. Sur scène, ils jouent accompagnés de projections vidéos. Des séquences qu’ils ont tournées eux-mêmes, mais aussi des extraits de films qui ont façonné leur univers, de Maurice Pialat à Jacques Demy en passant par Leos Carax. C’est Benjamin Danies de Segfault qui chine ces images et est aux manettes du VJing.
En parallèle, Clémence et Nicolas travaillent sur leur prochain disque (peut-être un nouvel EP ?) produit par leur label Métro A, qui réunit aussi Culottes Courtes, Texas Menthol (les deux autres projets de Nicolas) et Segfault.
Pour écouter toute la musique de SLOGAN, rendez-vous sur leur page Soundcloud. Et pour suivre leur actualité et être informés de leurs prochains concerts, abonnez-vous à leur page Facebook - https://www.facebook.com/slogan.musique/
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